Gilles SERVAT

Chanteur rebelle

de Bretagne

 

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   Cela devait être en 1972 ou 1973… , à la Salle de la Mutualité, haut lieu emblématique parisien des meetings politiques de tous bords, dans une ambiance survoltée où fusaient des slogans de toutes parts, que Gilles SERVAT m’est apparu pour la première fois.

 

    Avec un physique de bûcheron, une voix grave et surpuissante, seul avec sa guitare, il fit lever les quelques milliers de personnes ébahies. La peau de mes bras prit la chair de poule à la vue et à l’écoute de ce chanteur seul en scène. C’était une première pour moi… Alternant chansons en français et en breton, Gilles SERVAT nous assomma de Bretagne et de mots clés défenseurs des droits des hommes.

 

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    Ayant débuté à la fin des années 60, voilà donc plus de trente ans que Gilles SERVAT promène sa grande carcasse dans tout l’Hexagone et en Europe chantant les paradoxes de la Bretagne, son amour pour celle-ci, proclamant une certaine liberté d’expression régionale, un refus de se soumettre à l’oppression marchande, sociale et politique et privilégiant une attitude citoyenne et humaniste.

 

    Artiste complet, Gilles SERVAT s’exprime pareillement avec la peinture, le dessin, la sculpture, la gravure ou l’écriture. Il a ainsi écrit une saga de science-fiction en cinq volumes ("Les Chroniques d’Arcturus"). Il a également abordé le théâtre et le cinéma (avec Jean VAUTIER). A partir de 1993, il participe aux albums et aux spectacles "L’Héritage des Celtes" avec DAN AR BRAZ.

 

    Autour de thèmes fraternels, refoulant « toutes les manifestations de la barbarie jusque dans ses formes invisibles à l’œil nu », Gilles SERVAT est épris de musique celte et de poésie.

 

    Doté d’un parcours artistique exemplaire et sans compromis, j’ai préféré laisser parler Gilles SERVAT de lui-même et de son histoire somme toute atypique.

 

 

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    « Nantes, Pornic, Saint-Aignan de Grand Lieu, Fay de Bretagne, sont les berceaux de ma famille. Mes parents sont nés à Nantes et mon grand-père fut même le fondateur d'un journal nommé "Le Réveil de la Loire Inférieure". Il faut croire qu'elle était déjà réveillée, le journal fit faillite.

    Si ma famille est nantaise, mon nom est occitan, pour préciser, ariégeois. Il me vient d'un arrière grand-père montreur d'ours des Pyrénées, venu s'échouer au bord de la Loire. Son surnom était Carrache, ce qui signifie carré au propre et au figuré. Si l'on veut chercher dans l'atavisme les origines de mes quelques talents artistiques, c'est sans doute du côté du montreur d'ours qu'il faut aller. J'ai eu aussi un trisaïeul violoneux à Saint-Aignan, mon grand-père maternel peignait de très belles aquarelles et mon oncle a failli faire du cinéma...

    Mes parents se marièrent à Sainte Reine de Bretagne, où mon grand-père avait une briqueterie.

    Est-ce un signe? L'instituteur de ma mère était le père de René Guy Cadou, l'un des plus grands poètes de ce temps.

    Après de longues tribulations au cours desquelles mes deux frères aînés naquirent à Boulogne Billancourt, mon père trouva du travail à Tarbes. Et c'est là que j'ai commencé à développer ma voix, le 1er février 1945, à la fin de la guerre, ce qui poussa ma mère à se venger sur moi des privations qu'elle avait dû imposer à mes frères. Je pris très vite un poids dont j'ai maintenant toutes les peines à me défaire.

    Ma naissance marqua la fin de l'époque tarbaise de ma famille. A cinq mois je découvrais Nantes et son pont transbordeur, sous lequel mon parrain était passé en avion vingt ans plus tôt. A un an, c'est Cholet qui m'accueillait en son sein palpitant. J'y suis resté jusqu'au bac philo, que j'obtins à la grande surprise de mes parents.

 

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    Vous qui cherchez dans l'enfance déchirée les prémices de l'art, excusez-moi. La mienne fut belle, heureuse, j'aimais mon papa et ma maman et c'était réciproque. Nous habitions aux lisières de la ville, dans une caserne désaffectée, louée aux civils. Dans mon école, fils de paysans, de gendarmes, d'employés municipaux, d'ouvriers, de cadres, se mélangeaient à la satisfaction générale. Les pauvres enfants de la bourgeoisie choletaise ne venaient pas là. C'était une école laïque ! Je les ai un peu côtoyés, plus tard, au lycée.

    Nous passions nos vacances au Croisic, où habitaient mes grands-parents; et c'est là, au club des frégates de Port-Lin, que j'ai connu mes premiers émois océaniques.

Après le bac philo, je quittai Cholet pour entrer aux Beaux Arts à Angers. Je me souviens encore avec émotion de mon départ et de tous les mouchoirs qu'on agitait dans la gare. J'ai beaucoup aimé ces études à Angers. Je faisais sculpture, peinture, gravure. J'écoutais Léo Ferré, Brassens, Ferré, Brel, Ferré, Hugues Auffray chante Bob Dylan et Léo Ferré. La chaleur montait pendant ces années merveilleuses qui s'achevèrent en mai-juin 68.

    Enfin le fond bousculait la forme ! Cela entraîna pour moi un changement radical. Je m'aperçus que je parvenais mieux à exprimer mes idées par le chant que par le dessin, et aussi, qu'un chanteur interprète toujours ses oeuvres, alors qu'une peinture, quand c'est vendu, c'est perdu.

    Et la chance voulut que, passant par hasard dans un café angevin, je rencontrasse un pauvre groisillon tombé de son île. Ses paroles magiques me décidèrent à prendre le bateau pour Groix. C'était à Pâques 1969. Ce fut un retour dans l’œuf, une gestation nouvelle et une seconde naissance.

    Voilà comment j'en suis venu à chanter, en 1970, dans une époque extraordinaire. Nous étions à la fois mus par une vague déferlante et moteurs de cette vague. A vrai dire, à moins d'avoir des oeillères et d'être plus sourd que Ludwig, je ne vois pas comment j'aurais pu faire autre chose que chanter ce que j'ai chanté. »

 

 

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    Depuis 1970 donc, Gilles SERVAT a participé à plus d’une vingtaine d’albums dont on peut noter les plus marquants :

                    clijaune.gif (719 octets)     1970 – La Blanche Hermine

                    clijaune.gif (719 octets)     1971 – Ki Du

                    clijaune.gif (719 octets)     1972 – L’hirondelle

                    clijaune.gif (719 octets)     1976 – Le pouvoir des mots

                    clijaune.gif (719 octets)     1980 – Hommage à René Guy CADOU

                    clijaune.gif (719 octets)     1996 – Sur les quais de Dublin

                    clijaune.gif (719 octets)     1998 – Touche pas à la Blanche Hermine

                    clijaune.gif (719 octets)     2000 – Ce que je voudrais

 

 

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    A noter, qu’en réponse à un mouvement d’extrême droite qui avait choisi sa chanson "La Blanche Hermine" en ouverture de ses meetings, Gilles SERVAT a répondu par cette nouvelle version : "Touche pas à la Blanche Hermine".

Sites à visiter :   

www.gillesservat.com

 www.chansonrebelle.com

 

Marc DZALBA-LYNDIS.

 

 

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Je dors en Bretagne ce soir

 

- Gilles SERVAT -

 

 

Les pommiers fleuris du printemps

Et la grêle de temps en temps

Sur les talus la blanche épine

La tige fine qui s'incline

Les ajoncs de La Roche Bernard

Beauté prise dans un regard

 


Par chance et aussi par vouloir

Je dors en Bretagne ce soir

 


L'abeille sur le liseron blanc

Et en surface d'océan

L'évanouissement des vagues

L'ombre d'un chemin qui zigzague

La graine des genêts craquant

En plein midi au bord des champs

 


Par chance et aussi par vouloir

Je dors en Bretagne ce soir

 


Les bruines de l'arrière-saison

Voilant des ports sans horizon

Une sirène qui résonne

Portant mélancolie d'automne

Le galop fou du vent salé

Sur l'infini des monts d'Arrée

 


Par chance et aussi par vouloir

Je dors en Bretagne ce soir

 


L'onglet du pêcheur étripant

Le poisson sur le pont glissant

L'alignement mégalithique

Que fait reluire la pluie oblique

Et un peu de neige parfois

Qui blanchit l'ardoise des toits


Par chance et aussi par vouloir

Je dors en Bretagne ce soir

 

Dans la beauté

 

 

 

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