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Sabine DELAHAIE
Une passionnée en vingt questions
Nom : DELAHAIE Prénom : Sabine Adresse : 167, impasse Eustache de Saint-Pierre à Landrethun-les-Ardres
1) Doù êtes-vous originaire ? Je suis originaire de Wavrin, dans le Nord, à une vingtaine de kilomètres de Lille, entre Lille et La Bassée.
Je suis arrivée à Landrethun parce que mon mari a trouvé du travail à Eurotunnel en 1993. Moi, je faisais encore mes études et je vivais chez ma grand-mère. Je faisais laller-retour. Pour nos fiançailles, on sest offert la maison, plutôt une ruine. On est plutôt originaires tous les deux de la campagne. On ne tenait pas aux voisins, ni aux trucs un peu envahissants de la ville. Mais il a fallu du courage, cétait tout en torchis. On a voulu garder les fondations mais, finalement, on na pas gardé grand chose. Au début, on nétait pas souvent là.
Actuellement, je suis demandeuse demploi. Avant, jétais comptable.
Le judo.
Sabine DELAHAIE (MARCQ) - la 4ème en partant de la droite au 1er rang
Jai commencé en 78 ou 79. Suite au décès de mon père, jétais plutôt trop énergique. Ma mère a cherché une activité pour canaliser mon énergie et me stabiliser. Javais 6 ans. Au début, cétait plutôt pour samuser et se dépenser.
Jai toujours eu un caractère de garçon manqué et, petit à petit, jai progressé parce que le professeur mavait bien prise en main. Aussi parce jétais très volontaire. Au commencement, jétais sur Wavrin. Et puis, comme partout, après plusieurs compétitions entre clubs, départementales, régionales, inter-régionales, jai été repérée. Après, jai été prise en charge par le Conseiller Technique Régional et je suis partie à lASPTT à Lille.
Oui, bien sûr. Au début, cétait un peu comme ici, de linitiation, une heure par semaine. Après, cétait environ deux fois une heure et demi. Au niveau supérieur, en sports-étude, cétait quatre fois par semaine, plus la musculation, plus le footing. Cétait tous les jours. On narrêtait jamais.
Sabine DELAHAIE (MARCQ) - 2ème à partir de la droite
Jai arrêté le haut niveau peu de temps avant de me marier parce que mon mari nappréciait pas trop la compétition. Surtout après la première compétition quil est venu voir. Jai arrêté la compétition un peu par amour et aussi parce quil arrive un temps où on se lasse. On a envie de se marier, davoir des enfants et cest difficilement compatible avec la haute compétition. En compétition, je combattais dans les catégories lourdes et je me retrouvais souvent avec des filles qui faisaient 40 à 50 kilos de plus que moi. Je me suis détruit les genoux. Cest aussi pour ça que jai arrêté le haut niveau. Et puis, il y a environ un an, comme ça me trottait dans la tête, jai eu envie de faire ce club de judo car je trouvais quil manquait dactivités pour les enfants dici. Pour les miens aussi. Je navais pas envie de courir partout pour les conduire faire du sport. Il y avait aussi une demande des parents de pouvoir pratiquer un sport de proximité. Lavantage du judo, cest que cest un sport individuel. On na pas besoin dune équipe fixe.
A Landrethun-les-Ardres, à la salle polyvalente.
Cinq heures de cours par semaine. Mais, pour moi, physiquement, c'est un peu du repos.
Pour les enfants, je trouve que le judo est très complet et il a lavantage de pouvoir se commencer très jeune. Ça développe la motricité chez les tout petits. Le problème, pour créer un club, ce sont les tapis. En fait, jai téléphoné à de vieilles connaissances et le Comité du Pas-de-Calais nous a prêté des tapis. Un tapis neuf, ça coûte environ 100 . Là, on en a une trentaine et il nous en manque cinq pour avoir un bon 70 mètres carrés. Jai une option pour acheter ceux quon nous a prêtés. Pour commencer, cest bien. Le Comité Départemental offre la possibilité aux clubs de sinstaller.
Non, pas vraiment. Cest surtout le kimono mais ce nest pas très cher. Pour les touts petits, ça commence à 8 et ils peuvent les garder un an ou deux. Pour les adultes, cest un peu plus cher. On ne demande pas des cotisations excessives : 75 pour un adulte, 60 pour un enfant avec des tarifs dégressifs à partir du deuxième. La licence à la Fédération coûte déjà 30 . Même si des parents trouvent cela excessif, moi, je fais ça bénévolement. Sinon, pour 5 heures par semaine, un prof coûte environ 225 par mois. Pour une année denseignement, ça fait 2250 (15 000 francs). Pour nous, cest impossible de sortir ça. Après avoir payé les licences, le reste servira à investir dans des tapis.
On a tout pris à Décathlon. Là, ils vendaient la ceinture blanche avec le kimono. Pour les autres ceintures, on a acheté des rouleaux à découper.
Oui. Jai commencé en minime. Jai arrêté à 22/23 ans, il y a une dizaine dannées. La première compétition, cétait une compétition de clubs, à Wavrin. La dernière, cétait en Belgique, dans une compétition non officielle par équipe. Cest celle où mon mari ma vue. Après, cétait fini Jai eu un très bon niveau en espoir féminin, junior chez les garçons. Je suis allée jusquau championnat dEurope. Jai terminé 5ème. Cétait en Pologne, à Wroclaw. En seniors, cétait vraiment dur. Mais jai terminé 5ème au Championnat de France. Jai quand même eu un assez bon niveau. Je suis ceinture noire, 1er dan. Je nai pas eu le temps de passer les autres. Jai fait un peu toutes les catégories parce quon avait besoin de moi par équipe. Mais le style de judo est différent selon les catégories. Cest plus statique et physique dans les catégories supérieures.
Il y beaucoup de choses. Par exemple, avant que les enfants ne fassent du judo, je leur avais appris à tomber. Je trouve que cest important de savoir tomber parce quon ne se fait pas mal. Je lai même appris à ma grand-mère. Se mettre en boule pour éviter de mettre les mains et se casser quelque chose. Après, cest un réflexe. Quelquefois, je fais subir à mon mari les techniques quon va faire en cours.
Oui, les enfants. Le mari, comme cobaye.
Reconnue, non, plus maintenant. Je ne fais plus de compétition. La reconnaissance, cest quelque chose de personnel, quon a au fond du cur. Ce que les autres pensaient mimportait peu. Cétait surtout pour moi. Maintenant, je fais ça pour les enfants, tous les enfants, pour mamuser. Je méclate avec les enfants. Pour moi, ce que je fais, ce nest pas un service, cest mamuser, cest ma sortie de la semaine, ça me fait du bien. Avant, javais déjà donné des cours à lASPTT et je savais donc ce que cétait. Pour les adultes, cela a été plus difficile car je connaissais surtout les entraînements pour les compétiteurs mais, maintenant, ça va. Jessaie de respecter un cours de ju-jitsu, de self-control en fait. On fait deux cours différents afin que chacun trouve ce quil cherche.
Jespère que tout va continuer comme cela a commencé. Maintenant, on est environ une quarantaine et je pense que ça va continuer au même rythme car tout le monde a lair satisfait. Chacun progresse. A lheure actuelle, on a 3 ados qui vont progresser beaucoup plus vite. Après, sils veulent faire de la compétition, ils peuvent en faire. Je ne les pousserai pas. Je sais ce que cest. Cest contraignant.
Jai tellement vécu de choses avec le judo. Des super souvenirs dinternat en sports-étude. Cétait génial Ce que je regrette, cest un peu la manière dont le sports-étude est fait. On fait des études dans un lycée, à Douai pour moi, et du judo à haute dose. Les cours ne sont pas adaptés à la pratique intensive du sport. Depuis quelques années, malgré tout, ça saméliore mais peu de choses sont vraiment prévues pour le sports-étude. Par exemple, jai triplé ma première car, quand on a un bon niveau en judo, on nous pousse et, après, on na plus de temps pour étudier. Lorsquon voit quon réussit quelque part, à 15/16 ans, on fonce là-dedans et on laisse le reste. Jai aussi eu la chance de voyager avec le judo. Je suis notamment allée au Japon. Le Japon, cest incroyable. Tant quon na pas vu Tokyo, on ne peut pas imaginer Je suis aussi allée au Kodokan (voir article sur Jigoro KANO ndlr) et jai vu léquipe nationale japonaise. Là-bas, le plus important, cest le respect de tous pour tous. Et puis, la culture japonaise, cest incroyable
Sabine DELAHAIE (MARCQ) au Japon
Jaime beaucoup ce qui est broderie et tricot. Cest ma grand-mère qui ma appris à tricoter pendant que jétais enceinte. Jadore ça, ça me passe le temps. Maintenant, jen fait un peu moins parce que je donne les cours de judo et que je suis secrétaire de lAmicale de lécole.
Livre préféré ? Lecture préférée ? Je viens de lire Pierre GALONI, « le Pitaud » et « la fille du Pitaud ». Cest lhistoire denfants de la DDASS. Jaime bien ces histoires-là. Jaime bien Claude MICHELET. Les histoires de Paul-Loup SULITZER sont intéressantes. Lire, cest important pour les personnes âgées et, avec ma grand-mère, que jai abonné à un club de livres, on se passe les bouquins. Quand je commence à lire, je ne peux plus marrêter, il faut que jaille jusquau bout Musique préférée ? Artiste préféré ? Johnny HALLIDAY. Enfin, tout ce qui bouge. Jaime U2 aussi. Japprécie la musique italienne. Jaime aussi laccordéon. Le dernier disque que jai acheté, cest Barbra STREISAND. Et puis je me mets au goût du jour avec les enfants, Las KETCHUP par exemple. Film préféré ? Acteur(trice) préféré(e) ? Metteur en scène préféré ? Kevin COSTNER forcément. Le film « Danse avec les loups ». Jadore aussi BOURVIL et FERNANDEL. En filles, non personne en particulier. Meilleur souvenir de voyage ? Ça restera le Japon jusquau jour où mon mari memmènera à Venise. Tout au Japon ma impressionné : les villes, les paysages, la cuisine, les coutumes
Sabine DELAHAIE (MARCQ) en compagnie de David DOUILLET aux championnats d'Europe (1988)
Destination rêvée ? Venise. Je rêve de voir les gondoles, les canaux, etc. Plat préféré ? Mon plat préféré, ce sont les « tartelottes » que fait ma grand-mère. Avec les restes de ragoût aux pois ou aux navets quelle fait réchauffer, elle les étale sur des grosses tranches de pain avec de la moutarde. Elle ma donné le goût de la « vaquette à trous ». Cest un genre de pain-gâteau, brioché, quon fait avec de la levure de boulanger, quon passe au four, et, lorsque ça commence à gonfler, on sort du four et on fait des trous avec les doigts. On met du beurre et de la vergeoise dedans et on repasse au four. Cest un délice.
Entretien réalisé le mardi 17 décembre 2002.
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