Un passionné
Nom : MAILLARD Prénom : Sébastien Adresse : 110, impasse Eustache de Saint-Pierre à Landrethun-les-Ardres
Je suis originaire de Landrethun-les-Ardres mais je suis né à Boulogne-sur-mer.
Oui, ici, dans cette maison, à Yeuse.
Je suis agriculteur. Depuis le 1er mars 2003.
Je suis allé au collège de lEurope à Ardres jusquen 3ème. Après, jai fait un BEP à Campagne lès Boulonnais. Ensuite, un BTA à Rollancourt, entre Fruges et Hesdin. Enfin, un BTS, encore à Rollancourt, et une formation de 6 mois en informatique à Sailly Labourse. En fait, cela a fait 6 ans détudes après la 3ème.
Oui. En tant quagriculteur, on a des formations avec la Chambre dAgriculture. On peut faire des formations techniques sur la vente directe ou sur le beurre par exemple, sur les techniques de commercialisation. Au niveau technique, aussi, pour les cultures. On peut aussi se former individuellement. En informatique, par exemple. Après, cest un peu un choix personnel. Les passions qui vous animent vous font choisir certaines formations.
Oui, je pense. Cétait tracé depuis longtemps. La mentalité du collège ne me plaisait pas trop. En vivant à la campagne, on est un peu couvé. Arrivé au collège, cest déjà lesprit de la ville et, comparé à la vie à la ferme, ça ma décidé à faire ces études dagriculture. En fait, je travaillais à la ferme depuis longtemps. Dès que jai été en âge de le faire.
Jai toujours vu les parents travailler à la ferme. Jai toujours aimé ça. Je ne me suis jamais posé de questions. Cest venu comme ça. Comme dans beaucoup de métiers, les enfants font comme les parents. On nest pas obligé mais, à force de vivre dedans, on aime. On ne se voit pas faire autre chose.
Pour linstant, non. On est en société avec mes parents pour lexploitation. On est deux avec mon père. Ma mère est conjoint collaborateur.
On a des revues agricoles qui arrivent toutes les semaines. Il y a aussi des réunions techniques et des réunions dinformations avec les coopératives. La télévision nous aide également. Cest un ensemble en fait. Parfois, des représentants viennent nous voir mais cest surtout la Chambre dAgriculture qui nous incite à évoluer. On saide aussi entre agriculteurs même si cest un peu une mini-compétition entre nous. Cest une compétition mais on évolue lun lautre en sentraidant. Les salons, cest aussi un moyen de voir ce qui va se faire dans les années à venir. Cest intéressant.
Oui. Je ne regrette pas davoir choisi cette profession. Le métier est peut-être difficile mais, dun autre côté, on vit au contact de la nature. Si on aime bien travailler au dehors, cest agréable. On est aussi indépendant, on est obligé par personne.
Sur lexploitation, on fait du lait, du beurre et de la crème en vente directe, des fraises, du poulet Label Rouge de Licques et, en grande culture, de la betterave sucrière, du blé, du maïs pour lalimentation des vaches et des prairies pour les vaches et les génisses (pâturage, lété, et le foin pour lhiver).
Trente cinq vaches laitières. Et les élèves, cest à dire les génisses qui remplaceront les vaches dans quelques années et les mâles qui seront vendus pour leur viande. Enfin, il y a les poulets. Environ, quatre mille quatre cents.
Quatre vingt hectares.
Comme dans toutes les fermes : des tracteurs et leurs outils, charrues, remorques, etc. Puis tout le matériel délevage pour les poulets et le matériel de transformation pour le lait.
Au niveau élevage des poulets et transformation du lait, tout nous appartient. Pour le matériel des champs, cela appartient à un groupement dagriculteurs cest à dire quon achète à plusieurs lensemble du matériel car il nest pas nécessaire davoir tout ce matériel pour une seule ferme.
Le lait, je pense. Le lait, cest intéressant. Cest complexe à produire mais on travaille avec des animaux que lon voit grandir, quon soigne et auxquels on sattache. Les cultures nous rendent moins que les vaches quon élève. La grande culture, cest plus impersonnel.
On achète nos produits dans les coopératives et chez les négociants. Il y a aussi des commerciaux qui démarchent pour des entreprises. En fait, on fait travailler beaucoup de monde, du négociant à limprimeur pour les emballages. Beaucoup de monde gravite autour des agriculteurs du fait de nos activités.
On a une charge de travail régulière au quotidien. La traite des vaches, soccuper des animaux en fait. Après, on a des pointes de travail lorsque le temps le permet. Dans les champs, les journées sont plus lourdes. Cest très variable suivant les saisons. On travaille avec les saisons. Par exemple, lhiver, on hiberne un peu dans les étables et, dès le printemps, on sort et on va dans les champs. Les foins, les moissons, ce nest pas régulier. Le temps y fait aussi pour beaucoup. Sil pleut, on peut ainsi traîner sans savoir trop quoi faire sachant que le travail nous attend au dehors.
Dans le travail, il y a des choses faciles et des choses plus difficiles. En fait, cest plutôt les choses que lon préfère et celles que lon aime moins. Lorsquon récolte, par exemple, on voit le produit fini, cest plus valorisant. Le travail de nettoyage, par contre, cest un peu contraignant.
Oui, énormément. Parfois, cest 15 à 16 heures par jour. Mais, parfois, cest beaucoup plus calme du fait de la saison ou du temps. On ne regarde pas trop le temps passer. On ne calcule pas. On se dit quon a ça à faire, et on sarrête quand cest fini.
Cest vrai quau démarrage cest contraignant car il y a de gros investissements. Il faut faire des apports importants comme dans une entreprise qui démarre. Avec le temps, on arrive à rentabiliser et à réinvestir. Au début, si on nest pas du milieu agricole, cest très difficile de sinstaller. Régulièrement, la mise aux normes nous est imposée et nous devons faire les travaux. La comptabilité, dans une exploitation, est un gros travail. Reprendre les chiffres, voir la rentabilité, améliorer le fonctionnement, cest un gros travail pour les agriculteurs. Ça ne se voit pas vraiment mais cest très important.
Ça améliore les conditions de travail. Ce nest plus la même agriculture quavant. Tout a changé. On travaille de plus en plus vite, on en fait de plus en plus. Est-ce un bien, est-ce un mal ? On ne sait pas. Les jeunes, on sadapte assez vite, comparé aux plus anciens. Toujours, ça évolue. Cest le progrès et on suit la tendance.
Je ne pense pas. Il y a différentes agricultures dans différentes régions. Cest souvent le profil géographique qui impose certaines cultures. Tout dépend aussi des objectifs économiques de chaque pays. Comparer la France, la Pologne et les Etats-Unis, cest difficile compte tenu des différents niveaux de modernité. Comme déjà dit, est-ce un bien ? est-ce un mal ? Cest un grand débat. On peut en discuter pendant des heures.
On ne peut pas vraiment savoir. On a du mal à se projeter dans dix ans même si on sait quil faudra toujours faire du lait, du pain, de la viande. Depuis dix ans, on a du mal à se projeter dans lavenir. On investit dans certains domaines mais on ne sait pas si cest la bonne voie. Avant, on ne se posait pas autant de questions car lagriculture évoluait lentement. Maintenant, cest différent. Cest de plus en plus stratégique. Cest, malgré tout, un handicap. On ne sait pas si on agit bien ou mal.
Lobjectif na pas changé mais les méthodes ont bien changé. On produit toujours du lait, du blé, des fraises, comme nos ancêtres, mais on produit autrement.
Les gens nont peut-être pas limage réelle de lagriculteur moderne. Limage reste celle du petit paysan avec sa casquette de travers, son mégot et sa petite ferme. Je ne pense pas quon connaisse bien lagriculture moderne dune exploitation. Je ne pense pas quon imagine bien la complexité dune exploitation moderne. Encore une fois, les produits sont les mêmes quavant mais on a énormément évolué en trente ans. Je pense que les mentalités nont pas évolué à la même vitesse que nous. Il y a un décalage entre limage ancienne de lagriculteur et la réalité.
Sils veulent me suivre uniquement. On ne peut pas imposer. Il faut aimer avant tout. On verra bien. Sils aiment, je les aiderai un maximum.
Quelles sont vos musiques préférées ? Jaime bien la techno. La dance, aussi. Mais plus la techno quand même.
Quelles sont vos lectures préférées ? La lecture agricole. On passe beaucoup de temps dehors et on ne prend pas trop le temps de lire. Ce nest pas une de mes passions mais, le peu que je lis, cest surtout sur lagriculture.
Quels sont vos films préférés ? Les films daction. Mais jaime aussi certains films récents comme le dernier avec Gérard JUGNOT ("les choristes" ndlr). Je suis assez éclectique malgré tout. Jaime certains films dhorreur mais aussi certains films romantiques. Il y a de bons films dans tous les genres.
Quels sont vos loisirs préférés ? Je fais du tennis de table à Landrethun. Je suis même trésorier de lassociation. Jaime bien sortir en discothèque aussi. Au cinéma, également. Lune de mes passions, cest linformatique. Autant pour moi que pour le travail.
Quels sont vos plats préférés ? Les pâtes, les frites. Les choses assez traditionnelles. Mais je nai pas vraiment de plats préférés même si jaime bien la viande.
Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? Il y en a plusieurs car jai fait beaucoup de voyages avec lécole. La Pologne ma marqué tant au niveau culturel que professionnel. Du nord au sud, la Pologne est très différente. Elle évolue très rapidement. En peu de temps, elle a techniquement terriblement évolué. Elle a un peu grillé les étapes. Jaime bien aller au ski aussi.
Quelles sont vos destinations rêvées ? Je nai pas réellement de destination rêvée. Pour linstant, on soriente plutôt vers les sports dhiver. La montagne, cest bien. Sinon, on se trouve bien ici. Je nai pas trop de rêves de voyages lointains. On est très attaché au terroir.
Entretien réalisé le jeudi 1er avril 2004.
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