Un passionné

en vingt-sept questions

 

Nom : MAILLARD

Prénom : Sébastien

Adresse : 110, impasse Eustache de Saint-Pierre

à Landrethun-les-Ardres

 

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1)     D’où êtes-vous originaire ?

Je suis originaire de Landrethun-les-Ardres mais je suis né à Boulogne-sur-mer.

 

2)    Avez-vous toujours habité Landrethun ?

Oui, ici, dans cette maison, à Yeuse.

 

3)   Quel est votre métier ?

Je suis agriculteur. Depuis le 1er mars 2003.

 

4)    Quelles études avez-vous faites ? A quel endroit ?

Je suis allé au collège de l’Europe à Ardres jusqu’en 3ème. Après, j’ai fait un BEP à Campagne lès Boulonnais. Ensuite, un BTA à Rollancourt, entre Fruges et Hesdin. Enfin, un BTS, encore à Rollancourt, et une formation de 6 mois en informatique à Sailly Labourse. En fait, cela a fait 6 ans d’études après la 3ème.

 

5)    Continuez-vous à vous former ?

Oui. En tant qu’agriculteur, on a des formations avec la Chambre d’Agriculture. On peut faire des formations techniques sur la vente directe ou sur le beurre par exemple, sur les techniques de commercialisation. Au niveau technique, aussi, pour les cultures. On peut aussi se former individuellement. En informatique, par exemple. Après, c’est un peu un choix personnel. Les passions qui vous animent vous font choisir certaines formations.

 

6)    Avez-vous toujours désiré faire ce métier ?

Oui, je pense. C’était tracé depuis longtemps. La mentalité du collège ne me plaisait pas trop. En vivant à la campagne, on est un peu couvé. Arrivé au collège, c’est déjà l’esprit de la ville et, comparé à la vie à la ferme, ça m’a décidé à faire ces études d’agriculture. En fait, je travaillais à la ferme depuis longtemps. Dès que j’ai été en âge de le faire.

 

7)    Quand et comment cette envie a-t-elle débuté ?

J’ai toujours vu les parents travailler à la ferme. J’ai toujours aimé ça. Je ne me suis jamais posé de questions. C’est venu comme ça. Comme dans beaucoup de métiers, les enfants font comme les parents. On n’est pas obligé mais, à force de vivre dedans, on aime. On ne se voit pas faire autre chose.

 

8)    Travaillez-vous seul ?

Pour l’instant, non. On est en société avec mes parents pour l’exploitation. On est deux avec mon père. Ma mère est conjoint collaborateur. 

 

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9)    Comment vous tenez-vous au courant des nouveautés en matière d’agriculture ?

On a des revues agricoles qui arrivent toutes les semaines. Il y a aussi des réunions techniques et des réunions d’informations avec les coopératives. La télévision nous aide également. C’est un ensemble en fait. Parfois, des représentants viennent nous voir mais c’est surtout la Chambre d’Agriculture qui nous incite à évoluer. On s’aide aussi entre agriculteurs même si c’est un peu une mini-compétition entre nous. C’est une compétition mais on évolue l’un l’autre en s’entraidant. Les salons, c’est aussi un moyen de voir ce qui va se faire dans les années à venir. C’est intéressant.

 

10)    Cette profession vous plait-elle ?

Oui. Je ne regrette pas d’avoir choisi cette profession. Le métier est peut-être difficile mais, d’un autre côté, on vit au contact de la nature. Si on aime bien travailler au dehors, c’est agréable. On est aussi indépendant, on est obligé par personne.

 

11)   Quels produits produisez et cultivez-vous ?

Sur l’exploitation, on fait du lait, du beurre et de la crème en vente directe, des fraises, du poulet Label Rouge de Licques et, en grande culture, de la betterave sucrière, du blé, du maïs pour l’alimentation des vaches et des prairies pour les vaches et les génisses (pâturage, l’été, et le foin pour l’hiver).

 

12)    Combien d’animaux avez-vous et quels sont-ils ?

Trente cinq vaches laitières. Et les élèves, c’est à dire les génisses qui remplaceront les vaches dans quelques années et les mâles qui seront vendus pour leur viande. Enfin, il y a les poulets. Environ, quatre mille quatre cents.

 

13)    Combien d’hectares exploitez-vous ?

Quatre vingt hectares.

 

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14)    Quel matériel spécifique utilisez-vous ?

Comme dans toutes les fermes : des tracteurs et leurs outils, charrues, remorques, etc. Puis tout le matériel d’élevage pour les poulets et le matériel de transformation pour le lait.

 

15)    Tout ce matériel vous appartient-il ?

Au niveau élevage des poulets et transformation du lait, tout nous appartient. Pour le matériel des champs, cela appartient à un groupement d’agriculteurs c’est à dire qu’on achète à plusieurs l’ensemble du matériel car il n’est pas nécessaire d’avoir tout ce matériel pour une seule ferme.

 

16)    Que préférez-vous produire ?

Le lait, je pense. Le lait, c’est intéressant. C’est complexe à produire mais on travaille avec des animaux que l’on voit grandir, qu’on soigne et auxquels on s’attache. Les cultures nous rendent moins que les vaches qu’on élève. La grande culture, c’est plus impersonnel.

 

17)    Où vous approvisionnez-vous quant à vos matières premières ?

On achète nos produits dans les coopératives et chez les négociants. Il y a aussi des commerciaux qui démarchent pour des entreprises. En fait, on fait travailler beaucoup de monde, du négociant à l’imprimeur pour les emballages. Beaucoup de monde gravite autour des agriculteurs du fait de nos activités. 

 

18)    Votre travail est-il régulier ?

On a une charge de travail régulière au quotidien. La traite des vaches, s’occuper des animaux en fait. Après, on a des pointes de travail lorsque le temps le permet. Dans les champs, les journées sont plus lourdes. C’est très variable suivant les saisons. On travaille avec les saisons. Par exemple, l’hiver, on hiberne un peu dans les étables et, dès le printemps, on sort et on va dans les champs. Les foins, les moissons, ce n’est pas régulier. Le temps y fait aussi pour beaucoup. S’il pleut, on peut ainsi traîner sans savoir trop quoi faire sachant que le travail nous attend au dehors.

 

19)   Votre travail est-il difficile ?

Dans le travail, il y a des choses faciles et des choses plus difficiles. En fait, c’est plutôt les choses que l’on préfère et celles que l’on aime moins. Lorsqu’on récolte, par exemple, on voit le produit fini, c’est plus valorisant. Le travail de nettoyage, par contre, c’est un peu contraignant.

 

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20)    Consacrez-vous beaucoup de temps à votre travail ?

Oui, énormément. Parfois, c’est 15 à 16 heures par jour. Mais, parfois, c’est beaucoup plus calme du fait de la saison ou du temps. On ne regarde pas trop le temps passer. On ne calcule pas. On se dit qu’on a ça à faire, et on s’arrête quand c’est fini.

 

21)    Financièrement, votre travail comporte-t-il des contraintes ?

C’est vrai qu’au démarrage c’est contraignant car il y a de gros investissements. Il faut faire des apports importants comme dans une entreprise qui démarre. Avec le temps, on arrive à rentabiliser et à réinvestir. Au début, si on n’est pas du milieu agricole, c’est très difficile de s’installer. Régulièrement, la mise aux normes nous est imposée et nous devons faire les travaux. La comptabilité, dans une exploitation, est un gros travail. Reprendre les chiffres, voir la rentabilité, améliorer le fonctionnement, c’est un gros travail pour les agriculteurs. Ça ne se voit pas vraiment mais c’est très important.

 

22)    Que pensez-vous de l’agriculture moderne ?

Ça améliore les conditions de travail. Ce n’est plus la même agriculture qu’avant. Tout a changé. On travaille de plus en plus vite, on en fait de plus en plus. Est-ce un bien, est-ce un mal ? On ne sait pas. Les jeunes, on s’adapte assez vite, comparé aux plus anciens. Toujours, ça évolue. C’est le progrès et on suit la tendance.

 

23)    Pensez-vous que l’agriculture soit identique dans les autres pays industrialisés ?

Je ne pense pas. Il y a différentes agricultures dans différentes régions. C’est souvent le profil géographique qui impose certaines cultures. Tout dépend aussi des objectifs économiques de chaque pays. Comparer la France, la Pologne et les Etats-Unis, c’est difficile compte tenu des différents niveaux de modernité. Comme déjà dit, est-ce un bien ? est-ce un mal ? C’est un grand débat. On peut en discuter pendant des heures.

 

24)   Que pensez-vous du développement de l’agriculture dans l’avenir ?

On ne peut pas vraiment savoir. On a du mal à se projeter dans dix ans même si on sait qu’il faudra toujours faire du lait, du pain, de la viande. Depuis dix ans, on a du mal à se projeter dans l’avenir. On investit dans certains domaines mais on ne sait pas si c’est la bonne voie. Avant, on ne se posait pas autant de questions car l’agriculture évoluait lentement. Maintenant, c’est différent. C’est de plus en plus stratégique. C’est, malgré tout, un handicap. On ne sait pas si on agit bien ou mal.

 

25)    Pensez-vous que votre travail aujourd’hui soit très différent de celui de vos ancêtres ?

L’objectif n’a pas changé mais les méthodes ont bien changé. On produit toujours du lait, du blé, des fraises, comme nos ancêtres, mais on produit autrement.

 

26)   Pensez-vous que la profession d’agriculteur soit correctement perçue ?

Les gens n’ont peut-être pas l’image réelle de l’agriculteur moderne. L’image reste celle du petit paysan avec sa casquette de travers, son mégot et sa petite ferme. Je ne pense pas qu’on connaisse bien l’agriculture moderne d’une exploitation. Je ne pense pas qu’on imagine bien la complexité d’une exploitation moderne. Encore une fois, les produits sont les mêmes qu’avant mais on a énormément évolué en trente ans. Je pense que les mentalités n’ont pas évolué à la même vitesse que nous. Il y a un décalage entre l’image ancienne de l’agriculteur et la réalité.

 

27)    Conseillerez-vous cette profession à vos enfants ?

S’ils veulent me suivre uniquement. On ne peut pas imposer. Il faut aimer avant tout. On verra bien. S’ils aiment, je les aiderai un maximum.

 

 

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Quelles sont vos musiques préférées ?

J’aime bien la techno. La dance, aussi. Mais plus la techno quand même.

 

Quelles sont vos lectures préférées ?

La lecture agricole. On passe beaucoup de temps dehors et on ne prend pas trop le temps de lire. Ce n’est pas une de mes passions mais, le peu que je lis, c’est surtout sur l’agriculture.

 

Quels sont vos films préférés ?

Les films d’action. Mais j’aime aussi certains films récents comme le dernier avec Gérard JUGNOT ("les choristes" – ndlr). Je suis assez éclectique malgré tout. J’aime certains films d’horreur mais aussi certains films romantiques. Il y a de bons films dans tous les genres.

 

Quels sont vos loisirs préférés ?

Je fais du tennis de table à Landrethun. Je suis même trésorier de l’association. J’aime bien sortir en discothèque aussi. Au cinéma, également. L’une de mes passions, c’est l’informatique. Autant pour moi que pour le travail.

 

Quels sont vos plats préférés ?

Les pâtes, les frites. Les choses assez traditionnelles. Mais je n’ai pas vraiment de plats préférés même si j’aime bien la viande.

 

Quel est votre meilleur souvenir de voyage ?

Il y en a plusieurs car j’ai fait beaucoup de voyages avec l’école. La Pologne m’a marqué tant au niveau culturel que professionnel. Du nord au sud, la Pologne est très différente. Elle évolue très rapidement. En peu de temps, elle a techniquement terriblement évolué. Elle a un peu grillé les étapes. J’aime bien aller au ski aussi.

 

Quelles sont vos destinations rêvées ?

Je n’ai pas réellement de destination rêvée. Pour l’instant, on s’oriente plutôt vers les sports d’hiver. La montagne, c’est bien. Sinon, on se trouve bien ici. Je n’ai pas trop de rêves de voyages lointains. On est très attaché au terroir.

 

 

 

Entretien réalisé le jeudi 1er avril 2004.

 

 

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