Bernard BODIN

 

Un entrepreneur paysagiste

en trente-six questions

 

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Nom : BODIN

Prénom : Bernard

Adresse : 96, rue du Guet

à Landrethun-les-Ardres

 

 

 

1) D’où êtes-vous originaire ?

Je suis né à Boulogne-sur-Mer mais je suis originaire de Samer, l’un des villages de la fraise.

2) Avez-vous toujours habité Landrethun ?

Non. J’habite à Landrethun depuis le 15 janvier 1987 exactement.

3) Où êtes-vous allé à l’école ? Au collège ? Au lycée ?

Je suis allé à l’école de Samer puis j’ai été pensionnaire de l’âge de 6 ans jusqu’à 18 ans.

4) Quelle est votre profession ?

Officiellement, je suis entrepreneur paysagiste. En réalité, nous faisons un peu de tout car paysagiste est un métier très vaste. On touche autant à la maçonnerie, aux travaux publics, qu’à l’agriculture. Le métier de paysagiste fait partie des professions agricoles.

5) Depuis combien de temps êtes-vous installé à Landrethun ?

Depuis l’année où nous sommes arrivés à Landrethun c’est à dire depuis 1987.

6) Quel est le nom de votre entreprise ?

L’entreprise s’appelle "Paysage Service".

7) Avez-vous travaillé pour d’autres entreprises ?

Oui, j’ai travaillé comme ouvrier paysagiste pour deux entreprises avant de m’installer.

8) Quelles ont été vos formations ? A quel endroit ?

En fait, je n’ai pas eu de formation spécifique de paysagiste. J’ai travaillé dans ce milieu-là. J’ai eu la chance de faire quelques stages. Ensuite, cela a été pratiquement de l’autoformation. Je suis autodidacte en quelque sorte. Aujourd’hui, et je pense même qu’à mon époque aussi, dans la filière "Jardins et Espaces verts", il existe un CAP, un BEP, un BTS, un Bac Professionnel et peut-être même une licence. Après, il y a des formations universitaires en environnement. Ce sont des formations très théoriques et très vastes qui touchent à tous les milieux naturels.

 

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- Nos deux reporters. -

 

9) Quelles sont réellement vos fonctions au sein de l’entreprise ?

Au début, l’entreprise n’était composée que d’une personne, moi-même. Je faisais donc tout. Maintenant, je vais encore sur les chantiers. Pour des travaux très techniques ou délicats. Ou pour rester en contact avec d’anciens clients. Il faut montrer sa fidélité à ceux qui vous ont fait démarrer. Certains travaux occupent une personne durant une heure ou deux mais d’autres prennent des mois à trois ou quatre personnes. Maintenant, je supervise l’ensemble des chantiers et l’atelier. L’an dernier, j’ai embauché une personne qui réalise une partie des devis et, dans la mesure du possible, je lui laisse faire les travaux qu’il a évalués. Je supervise et vérifie malgré tout l’ensemble.

10) Avez-vous été apprenti et avez-vous fait beaucoup de stages ?

Je n’ai pas été apprenti comme on l’entend maintenant, en formation par alternance. Les stages, je n’en ai pas fait beaucoup. J’ai eu quelques expériences professionnelles avant même de travailler dans les entreprises paysagistes. Mes parents étaient agriculteurs donc j’avais quelques notions de la terre. Ensuite, je suis allé dans une exploitation de culture légumière, mais de plein champ. Après, je suis revenu dans une exploitation agricole de grande culture et enfin je suis entré chez DESMIDT où je suis resté 5 ans. Là où j’ai vraiment appris, c’est au cours d’un stage sur les gazons synthétiques. Les autres formations n’ont pas eu grand intérêt pour ce que je voulais faire. C’était toujours intéressant mais ce n’était pas de la formation en tant que telle.

11) Combien avez-vous d’employés ?

J’ai dix employés.

12) En général, quels sont vos clients ?

La clientèle est très vaste en fait. On a des particuliers, des communes, des collectivités locales et de temps en temps l’Etat pour les marchés publics en appel d’offres. Les particuliers, c’est environ la moitié des travaux réalisés.

13) Comment trouvez-vous vos clients ?

Je ne cherche pas après les clients. Les clients viennent plutôt à moi. On ne fait pas de publicité. C’est beaucoup le bouche à oreille. Depuis le début.

14) Quel est votre rôle auprès des clients ?

Auprès des clients, c’est plutôt un rôle commercial. Il faut se présenter car le client aime bien avoir un interlocuteur en face de lui. C’est d’abord représenter l’entreprise, expliquer ce que l’on fait, expliquer le travail proposé. En fait, on répond à une attente du client puisqu’il est venu à nous. On propose, on évalue le projet, on chiffre. Il faut que l’on comprenne ce qu’il désire et, lui, doit comprendre ce qu’on lui propose.

15) Faites-vous de la publicité pour votre entreprise ?

Non. C’est la clientèle qui fait notre publicité.

16) Quel est votre secteur géographique quant à votre travail ?

Quant à notre secteur géographique, disons que cela va de Dunkerque jusqu’au Touquet. Comme on répond à une demande, on va là où on nous appelle. Sur Dunkerque, on a un noyau car, en y étant allé une fois, les clients se sont agglutinés. Donc, on continue à y aller même si les gens qui nous ont appelé la première fois ont déménagé. C’est la force du bouche à oreille. Lorsque c’est le client qui appelle, on a beaucoup plus de chance de travailler et de faire le chantier que si l’appel venait de la publicité. En général, lorsque l’on nous appelle, on ne fait pratiquement jamais un devis pour rien. A 90 %, on est à peu près sûr de faire le travail. C’est très important. On a très peu de perte de temps. On a peu de devis infructueux au niveau des particuliers. Pour les collectivités, c’est différent car c’est un marché d’appel d’offres. Avec la révision des marchés, cela risque d’être encore plus difficile même si le relationnel joue. Sur trois devis, deux sont rejetés et donc deux entreprises ont travaillé à faire un devis pour rien. C’est parfois un peu moche et le système n’est pas parfait. Des gens qui travaillent perdent leur temps à évaluer des travaux et à faire des devis qui ne serviront sans doute pas. La loi des marchés, c’est un peu une économie de bouts de chandelle qui, parfois, semble stupide.

17) Quels sont vos horaires de travail ?

Pour l’entreprise, les employés arrivent vers 7 heures 30 et ils arrêtent sur les chantiers à 17 heures. Moi, je n’ai pas d’horaires. Je suis sur place et il y a toujours quelque chose à faire. On n’est jamais à jour vraiment. Dans les dossiers, les factures, les devis, le matériel, etc.

18) Travaillez-vous aussi à la maison ?

Oui.

 

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19) Avez-vous toujours désiré faire ce métier ?

Non, pas forcément. Lorsque j’étais jeune, ce n’était pas ma voie et je ne connaissais pas ce métier. En fait, je suis tombé dedans parce qu’il fallait que je travaille et, finalement, ça m’a plu. Mes parents étaient agriculteurs et je pensais rester sur un métier plus proche de l’agriculture. Mon métier est proche de l’agriculture mais c’est, malgré tout, différent. Je ne regrette rien, c’est la vie, et on peut constater qu’une grande majorité des gens ne font pas le métier qu’ils pensaient faire étant jeunes.

20) Est-ce un métier difficile ?

C’est un peu comme tous les métiers, ce n’est pas plus difficile et certainement pas moins difficile que les autres métiers. Il faut aimer travailler dehors. Non, quand on aime, cela ne paraît pas difficile.

21) Compte tenu de votre expérience, conseilleriez-vous ce métier à des jeunes ?

Je ne sais pas si je peux donner beaucoup de conseils mais, s’il y a des jeunes qui aiment ça, il faut qu’ils continuent. Ce métier n’est pas une voie de garage dans le sens où les espaces verts sont essentiels dans la vie de tous les jours. Il faut simplement des gens qui aiment leur travail et qui soient compétents car, pour avoir une approche des végétaux, des sols, de la plantation, des systèmes racinaires, de la technique en somme, il faut avoir des connaissances.

22) Auriez-vous quelques conseils à donner à des jeunes attirés par ce métier ?

Au départ, il faut travailler dans le jardin, chez soi. Après, il faut chercher une possibilité de faire des stages dans les entreprises pour se rendre compte ce qu’est une journée de travail dans le milieu. Il ne faut pas être lassé par le fait de travailler la terre car il faudra y être du matin au soir. Il faut que le jeune ressente réellement la voie qu’il empruntera et le contact avec le milieu naturel.

23) Quelles sont les filières idéales pour ce métier ?

Il y a des écoles spécialisées pour celui qui aime ce métier. Après, il faut qu’il choisisse dans la spécialité qui lui convient.

24) Pensez-vous que votre formation personnelle ait été suffisante ?

Non. Elle n’est jamais suffisante. Il faut toujours se remettre en question et se remettre à niveau.

25) Vous estimez-vous artisan ?

Tout dépend de ce que l’on entend par artisan. Bien souvent, on a tendance à confondre artisan et artiste. Disons que, dans mon métier, il y une part artistique mais, comme souvent dans tous les métiers, il y a beaucoup plus de gestion, de bon sens, que de technique et de sens artistique. L’artisanat est une entreprise.

26) Pensez-vous que l’artisanat ait un avenir en France, notamment dans votre domaine ?

Il y a forcément de la place pour tout le monde. Le métier est vaste. Certains travaillent seuls, d’autres à deux, trois, quatre, il faut que chacun trouve son créneau. Il y a de l’avenir et de la place pour tout le monde. Tout est une question d’investissement personnel, de goût et de manière d’aborder le métier.

27) Pensez-vous que l’artisanat soit assez valorisé, financièrement parlant, auprès des jeunes ?

Tout est une question de coût, de rentabilité. On peut même retourner la question : est-ce que la clientèle est prête à payer plus ?

 

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28) Avec quels autres corps de métier avez-vous des contacts ?

On a des contacts avec tous les corps de métier. Quand on fait un aménagement en espaces verts dans de grands ensembles par exemple, on va côtoyer tous les corps de métiers du bâtiment.

29) Pensez-vous que ces contacts soient suffisants ?

Chaque corps de métier a sa spécialité et on peut travailler sans avoir affaire aux autres. Sinon, c’est au cas particulier. Souvent, on a affaire au service d’entretien des espaces verts ou à celui du matériel. 

30) Avez-vous des apprentis ?

Ici, on a deux apprentis. Un en CAP et l’autre en BEP. Mais ils ont un statut de salarié.

31) Pensez-vous qu’ils soient bien formés ?

C’est un vaste problème. Oui et non. La formation n’est jamais suffisante. Par contre, en remettant les choses dans leur contexte, au niveau des écoles travaillant en espaces verts et qui ont des commissions où chaque partie est représentée (parents, enseignants, professionnels, industriels, membres des collectivités), les formations sont mises en place en toutes connaissances de cause. Je pense qu’il y a une évolution des formations. Le niveau de connaissances des élèves est plus souvent mis au niveau des professionnels. Les diplômes ont tendance à évoluer vers les besoins et les attentes des professionnels. On va dans le bon sens.

32) Quelles sont vos principales matières premières ?

Essentiellement des végétaux. Arbres, arbustes, graines. Egalement du terreau, des engrais. Parfois, des pavés, des bordures, etc. Professionnellement, la matière première, c’est le végétal.

33) Où vous approvisionnez-vous quant à celles-ci ?

On s’approvisionne un peu partout. Pour les produits des pépinières, on s’approvisionne plutôt chez les producteurs que chez les négociants. Je privilégie les gens qui produisent.

34) Avez-vous beaucoup de matériel ?

Moi, je trouve que je n’en ai pas assez. Ma femme trouve que je suis un collectionneur. Tout ce que l’on a nous sert, en fait. Parfois, on a cinq modèles différents de la même machine mais ils nous servent tous les cinq car ils sont tous vraiment différents. Ils ont tous une particularité. Rien que leur taille par exemple. Il faut de tout. Comme on répond à une demande, il faut qu’on puisse exécuter cette demande. Il faut le matériel qui puisse y répondre.

 

35) Appréciez-vous votre travail ?

Oui. Sinon, je ne l’aurais pas fait, ni poursuivi. Ce qu’on peut espérer, c’est travailler avec moins de mal, moins de peine, et avoir plus de temps pour soi.

36) Utilisez-vous l’informatique ?

Oui. Surtout pour la gestion et le secrétariat. Moi, je ne l’utilise pas de trop car je suis réticent au temps qu’on peut y passer. L’informatique doit être un gain de temps. Je n’aime pas passer du temps sur un ordinateur alors qu’on peut aller plus vite à la main. D’autre part, les virus peuvent nous faire tout perdre. Moi, au niveau de mon travail spécifique en espaces verts, je ne l’utilise donc pas trop. Pour la gestion et le secrétariat, c’est indispensable. Sinon, on l’utilise pour stocker les photos que l’on fait des chantiers. Ça, ça nous est très utile. C’est un réel gain de temps car il ne faut pas nous déplacer plusieurs fois pour revoir la situation du chantier. Là, c’est vraiment utile. Je suis d’ailleurs déçu d’avoir perdu un disque dur, suite à une coupure de courant, où toutes ces informations-là étaient conservées.

 

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Quelles sont vos musiques préférées ?

Un peu toutes les musiques. Ça dépend du contexte. Lorsque j’étais jeune, je faisais partie d’une harmonie.

Quelles sont vos lectures préférées ?

Je n’ai pratiquement pas le temps de lire. J’ai bien du mal à lire tout ce qu’il faut que je lise.

Quels sont vos films préférés ?

Les films, c’est comme les livres, je n’ai pas le temps. J’aime beaucoup les dessins animés.

Avez-vous des passions autres que votre métier ?

Mon métier n’est pas une passion. Mon métier est un travail. Mais j’aime, malgré tout, tout ce qui est jardin. En vacances, on visite facilement les arboretums. Mais je ne suis pas un passionné. Je pense même que toute passion est dangereuse car on s’enferme un peu trop dans un monde à soi. Il faut savoir s’ouvrir aux autres.

Quels sont vos plats préférés ?

En général, ceux que ma femme fait.

Quel est votre meilleur souvenir de voyage ?

De chaque voyage, il y a quelque chose à tirer. Pour moi, le meilleur, c’est le premier, un tour de France. Je ne suis pas attiré par l’étranger. Je considère qu’il y a beaucoup de belles choses à voir ici. Je ne suis pas attiré par le fait de faire des kilomètres.

Quelle est votre destination rêvée ?

Je n’ai pas de destination rêvée. On peut être très bien ici. J’aimerais seulement avoir du temps pour visiter. Mon petit rêve serait d’avoir un camping-car. 

 

 

Entretien réalisé le vendredi 4 mars 2005 (avec l’aide d’Eva DE TROIJ et d’Appoline CLEMENT , élèves de CM 2 à l’école des Lilas de Landrethun-les-Ardres).

 

 

 

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