1) Doù êtes-vous
originaire ?
Je suis né à Boulogne-sur-Mer mais je suis originaire de Samer,
lun des villages de la fraise.
2) Avez-vous toujours habité Landrethun ?
Non. Jhabite à Landrethun depuis le 15 janvier 1987
exactement.
3) Où êtes-vous allé à lécole ?
Au collège ? Au lycée ?
Je suis allé à lécole de Samer puis jai été
pensionnaire de lâge de 6 ans jusquà 18 ans.
4) Quelle est votre profession ?
Officiellement, je suis entrepreneur paysagiste. En réalité, nous
faisons un peu de tout car paysagiste est un métier très vaste. On touche autant à la
maçonnerie, aux travaux publics, quà lagriculture. Le métier de paysagiste
fait partie des professions agricoles.
5) Depuis combien de temps êtes-vous installé
à Landrethun ?
Depuis lannée où nous sommes arrivés à Landrethun
cest à dire depuis 1987.
6) Quel est le nom de votre entreprise ?
Lentreprise sappelle "Paysage Service".
7) Avez-vous travaillé pour dautres
entreprises ?
Oui, jai travaillé comme ouvrier paysagiste pour deux
entreprises avant de minstaller.
8) Quelles ont été vos formations ? A quel
endroit ?
En fait, je nai pas eu de formation spécifique de paysagiste.
Jai travaillé dans ce milieu-là. Jai eu la chance de faire quelques stages.
Ensuite, cela a été pratiquement de lautoformation. Je suis autodidacte en quelque
sorte. Aujourdhui, et je pense même quà mon époque aussi, dans la filière
"Jardins et Espaces verts", il existe un CAP, un BEP, un BTS, un Bac
Professionnel et peut-être même une licence. Après, il y a des formations
universitaires en environnement. Ce sont des formations très théoriques et très vastes
qui touchent à tous les milieux naturels.

- Nos deux reporters. -
9) Quelles sont réellement vos fonctions au sein
de lentreprise ?
Au début, lentreprise nétait composée que dune
personne, moi-même. Je faisais donc tout. Maintenant, je vais encore sur les chantiers.
Pour des travaux très techniques ou délicats. Ou pour rester en contact avec
danciens clients. Il faut montrer sa fidélité à ceux qui vous ont fait démarrer.
Certains travaux occupent une personne durant une heure ou deux mais dautres
prennent des mois à trois ou quatre personnes. Maintenant, je supervise lensemble
des chantiers et latelier. Lan dernier, jai embauché une personne qui
réalise une partie des devis et, dans la mesure du possible, je lui laisse faire les
travaux quil a évalués. Je supervise et vérifie malgré tout lensemble.
10) Avez-vous été apprenti et avez-vous fait
beaucoup de stages ?
Je nai pas été apprenti comme on lentend maintenant,
en formation par alternance. Les stages, je nen ai pas fait beaucoup. Jai eu
quelques expériences professionnelles avant même de travailler dans les entreprises
paysagistes. Mes parents étaient agriculteurs donc javais quelques notions de la
terre. Ensuite, je suis allé dans une exploitation de culture légumière, mais de plein
champ. Après, je suis revenu dans une exploitation agricole de grande culture et enfin je
suis entré chez DESMIDT où je suis resté 5 ans. Là où jai vraiment appris,
cest au cours dun stage sur les gazons synthétiques. Les autres formations
nont pas eu grand intérêt pour ce que je voulais faire. Cétait toujours
intéressant mais ce nétait pas de la formation en tant que telle.
11) Combien avez-vous demployés ?
Jai dix employés.
12) En général, quels sont vos clients ?
La clientèle est très vaste en fait. On a des particuliers, des
communes, des collectivités locales et de temps en temps lEtat pour les marchés
publics en appel doffres. Les particuliers, cest environ la moitié des
travaux réalisés.
13) Comment trouvez-vous vos clients ?
Je ne cherche pas après les clients. Les clients viennent plutôt
à moi. On ne fait pas de publicité. Cest beaucoup le bouche à oreille. Depuis le
début.
14) Quel est votre rôle auprès des
clients ?
Auprès des clients, cest plutôt un rôle commercial. Il faut
se présenter car le client aime bien avoir un interlocuteur en face de lui. Cest
dabord représenter lentreprise, expliquer ce que lon fait, expliquer le
travail proposé. En fait, on répond à une attente du client puisquil est venu à
nous. On propose, on évalue le projet, on chiffre. Il faut que lon comprenne ce
quil désire et, lui, doit comprendre ce quon lui propose.
15) Faites-vous de la publicité pour votre
entreprise ?
Non. Cest la clientèle qui fait notre publicité.
16) Quel est votre secteur géographique quant à
votre travail ?
Quant à notre secteur géographique, disons que cela va de
Dunkerque jusquau Touquet. Comme on répond à une demande, on va là où on nous
appelle. Sur Dunkerque, on a un noyau car, en y étant allé une fois, les clients se sont
agglutinés. Donc, on continue à y aller même si les gens qui nous ont appelé la
première fois ont déménagé. Cest la force du bouche à oreille. Lorsque
cest le client qui appelle, on a beaucoup plus de chance de travailler et de faire
le chantier que si lappel venait de la publicité. En général, lorsque lon
nous appelle, on ne fait pratiquement jamais un devis pour rien. A 90 %, on est à peu
près sûr de faire le travail. Cest très important. On a très peu de perte de
temps. On a peu de devis infructueux au niveau des particuliers. Pour les collectivités,
cest différent car cest un marché dappel doffres. Avec la
révision des marchés, cela risque dêtre encore plus difficile même si le
relationnel joue. Sur trois devis, deux sont rejetés et donc deux entreprises ont
travaillé à faire un devis pour rien. Cest parfois un peu moche et le système
nest pas parfait. Des gens qui travaillent perdent leur temps à évaluer des
travaux et à faire des devis qui ne serviront sans doute pas. La loi des marchés,
cest un peu une économie de bouts de chandelle qui, parfois, semble stupide.
17) Quels sont vos horaires de travail ?
Pour lentreprise, les employés arrivent vers 7 heures 30 et
ils arrêtent sur les chantiers à 17 heures. Moi, je nai pas dhoraires. Je
suis sur place et il y a toujours quelque chose à faire. On nest jamais à jour
vraiment. Dans les dossiers, les factures, les devis, le matériel, etc.
18) Travaillez-vous aussi à la maison ?
Oui.
19) Avez-vous toujours désiré faire ce
métier ?
Non, pas forcément. Lorsque jétais jeune, ce nétait
pas ma voie et je ne connaissais pas ce métier. En fait, je suis tombé dedans parce
quil fallait que je travaille et, finalement, ça ma plu. Mes parents étaient
agriculteurs et je pensais rester sur un métier plus proche de lagriculture. Mon
métier est proche de lagriculture mais cest, malgré tout, différent. Je ne
regrette rien, cest la vie, et on peut constater quune grande majorité des
gens ne font pas le métier quils pensaient faire étant jeunes.
20) Est-ce un métier difficile ?
Cest un peu comme tous les métiers, ce nest pas plus
difficile et certainement pas moins difficile que les autres métiers. Il faut aimer
travailler dehors. Non, quand on aime, cela ne paraît pas difficile.
21) Compte tenu de votre expérience,
conseilleriez-vous ce métier à des jeunes ?
Je ne sais pas si je peux donner beaucoup de conseils mais,
sil y a des jeunes qui aiment ça, il faut quils continuent. Ce métier
nest pas une voie de garage dans le sens où les espaces verts sont essentiels dans
la vie de tous les jours. Il faut simplement des gens qui aiment leur travail et qui
soient compétents car, pour avoir une approche des végétaux, des sols, de la
plantation, des systèmes racinaires, de la technique en somme, il faut avoir des
connaissances.
22) Auriez-vous quelques conseils à donner à
des jeunes attirés par ce métier ?
Au départ, il faut travailler dans le jardin, chez soi. Après, il
faut chercher une possibilité de faire des stages dans les entreprises pour se rendre
compte ce quest une journée de travail dans le milieu. Il ne faut pas être lassé
par le fait de travailler la terre car il faudra y être du matin au soir. Il faut que le
jeune ressente réellement la voie quil empruntera et le contact avec le milieu
naturel.
23) Quelles sont les filières idéales pour ce
métier ?
Il y a des écoles spécialisées pour celui qui aime ce métier.
Après, il faut quil choisisse dans la spécialité qui lui convient.
24) Pensez-vous que votre formation personnelle
ait été suffisante ?
Non. Elle nest jamais suffisante. Il faut toujours se remettre
en question et se remettre à niveau.
25) Vous estimez-vous artisan ?
Tout dépend de ce que lon entend par artisan. Bien souvent,
on a tendance à confondre artisan et artiste. Disons que, dans mon métier, il y une part
artistique mais, comme souvent dans tous les métiers, il y a beaucoup plus de gestion, de
bon sens, que de technique et de sens artistique. Lartisanat est une entreprise.
26) Pensez-vous que lartisanat ait un
avenir en France, notamment dans votre domaine ?
Il y a forcément de la place pour tout le monde. Le métier est
vaste. Certains travaillent seuls, dautres à deux, trois, quatre, il faut que
chacun trouve son créneau. Il y a de lavenir et de la place pour tout le monde.
Tout est une question dinvestissement personnel, de goût et de manière
daborder le métier.
27) Pensez-vous que lartisanat soit assez
valorisé, financièrement parlant, auprès des jeunes ?
Tout est une question de coût, de rentabilité. On peut même
retourner la question : est-ce que la clientèle est prête à payer plus ?

28) Avec quels autres corps de métier avez-vous
des contacts ?
On a des contacts avec tous les corps de métier. Quand on fait un
aménagement en espaces verts dans de grands ensembles par exemple, on va côtoyer tous
les corps de métiers du bâtiment.
29) Pensez-vous que ces contacts soient
suffisants ?
Chaque corps de métier a sa spécialité et on peut travailler sans
avoir affaire aux autres. Sinon, cest au cas particulier. Souvent, on a affaire au
service dentretien des espaces verts ou à celui du matériel.
30) Avez-vous des apprentis ?
Ici, on a deux apprentis. Un en CAP et lautre en BEP. Mais ils
ont un statut de salarié.
31) Pensez-vous quils soient bien
formés ?
Cest un vaste problème. Oui et non. La formation nest
jamais suffisante. Par contre, en remettant les choses dans leur contexte, au niveau des
écoles travaillant en espaces verts et qui ont des commissions où chaque partie est
représentée (parents, enseignants, professionnels, industriels, membres des
collectivités), les formations sont mises en place en toutes connaissances de cause. Je
pense quil y a une évolution des formations. Le niveau de connaissances des
élèves est plus souvent mis au niveau des professionnels. Les diplômes ont tendance à
évoluer vers les besoins et les attentes des professionnels. On va dans le bon sens.
32) Quelles sont vos principales matières
premières ?
Essentiellement des végétaux. Arbres, arbustes, graines. Egalement
du terreau, des engrais. Parfois, des pavés, des bordures, etc. Professionnellement, la
matière première, cest le végétal.
33) Où vous approvisionnez-vous quant à
celles-ci ?
On sapprovisionne un peu partout. Pour les produits des
pépinières, on sapprovisionne plutôt chez les producteurs que chez les
négociants. Je privilégie les gens qui produisent.
34) Avez-vous beaucoup de matériel ?
Moi, je trouve que je nen ai pas assez. Ma femme trouve que je
suis un collectionneur. Tout ce que lon a nous sert, en fait. Parfois, on a cinq
modèles différents de la même machine mais ils nous servent tous les cinq car ils sont
tous vraiment différents. Ils ont tous une particularité. Rien que leur taille par
exemple. Il faut de tout. Comme on répond à une demande, il faut quon puisse
exécuter cette demande. Il faut le matériel qui puisse y répondre.
35) Appréciez-vous votre travail ?
Oui. Sinon, je ne laurais pas fait, ni poursuivi. Ce
quon peut espérer, cest travailler avec moins de mal, moins de peine, et
avoir plus de temps pour soi.
36) Utilisez-vous linformatique ?
Oui. Surtout pour la gestion et le secrétariat. Moi, je ne
lutilise pas de trop car je suis réticent au temps quon peut y passer.
Linformatique doit être un gain de temps. Je naime pas passer du temps sur un
ordinateur alors quon peut aller plus vite à la main. Dautre part, les virus
peuvent nous faire tout perdre. Moi, au niveau de mon travail spécifique en espaces
verts, je ne lutilise donc pas trop. Pour la gestion et le secrétariat, cest
indispensable. Sinon, on lutilise pour stocker les photos que lon fait des
chantiers. Ça, ça nous est très utile. Cest un réel gain de temps car il ne faut
pas nous déplacer plusieurs fois pour revoir la situation du chantier. Là, cest
vraiment utile. Je suis dailleurs déçu davoir perdu un disque dur, suite à
une coupure de courant, où toutes ces informations-là étaient conservées.

Quelles sont vos musiques préférées ?
Un peu toutes les musiques. Ça dépend du contexte. Lorsque
jétais jeune, je faisais partie dune harmonie.
Quelles sont vos lectures préférées ?
Je nai pratiquement pas le temps de lire. Jai bien du
mal à lire tout ce quil faut que je lise.
Quels sont vos films préférés ?
Les films, cest comme les livres, je nai pas le temps.
Jaime beaucoup les dessins animés.
Avez-vous des passions autres que votre
métier ?
Mon métier nest pas une passion. Mon métier est un travail.
Mais jaime, malgré tout, tout ce qui est jardin. En vacances, on visite facilement
les arboretums. Mais je ne suis pas un passionné. Je pense même que toute passion est
dangereuse car on senferme un peu trop dans un monde à soi. Il faut savoir
souvrir aux autres.
Quels sont vos plats préférés ?
En général, ceux que ma femme fait.
Quel est votre meilleur souvenir de voyage ?
De chaque voyage, il y a quelque chose à tirer. Pour moi, le
meilleur, cest le premier, un tour de France. Je ne suis pas attiré par
létranger. Je considère quil y a beaucoup de belles choses à voir ici. Je
ne suis pas attiré par le fait de faire des kilomètres.
Quelle est votre destination rêvée ?
Je nai pas de destination rêvée. On peut être très bien
ici. Jaimerais seulement avoir du temps pour visiter. Mon petit rêve serait
davoir un camping-car.
Entretien réalisé le vendredi 4 mars 2005 (avec
laide dEva DE TROIJ et dAppoline CLEMENT , élèves de CM 2 à
lécole des Lilas de Landrethun-les-Ardres).
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